Un jour, j’irai vivre en Théorie parce qu’il paraît qu’en Théorie, tout va bien. (Les mots surpendus)

vendredi 10 février 2012

Le pape blanc et le pape noir; Les Contes de Fée du Tibet

1ère Partie - Le pape blanc et le pape noir
Auteur: Joël Labruyère
Depuis un demi-siècle, le peuple tibétain gémit sous la patte de l'ogre chinois, mais sait-on que derrière les apparences, les gouvernements chinois et tibétain jouent un vaudeville dont une loge secrète a réglé la mise en scène ?
À travers les révélations qui suivent, notre idéalisme en prend un coup. Est-ce le coup de grâce qui achève ou bien celui qui réveille de la torpeur des contes de fée du Tibet ?
Le Tibet mythique est un lieu saint de la culture profane moderne. Ce peuple et ses croyances sont devenus la bonne conscience de notre civilisation matérialiste qui a anéanti ses propres traditions. Depuis l'exil du quatorzième dalaï-lama, le Tibet fait figure d’île vierge qui n'aurait jamais été contaminée par le péché originel, comme si le bouddhisme tibétain était à jamais enveloppé dans les neiges éternelles de la pureté morale et politique.
Pour découvrir ce qu'est le Tibet et le lamaïsme en se risquant au-delà des Aventures d'une parisienne à Lhassa ou de Tintin au Tibet, ni se laisser impressionner par les prosternations d'intellectuels convertis, nous avons interrogé un tibétain de vieille souche. Un oriental qui accepte de se défaire un moment de son sourire immuable pour parler sincèrement de choses interdites, voilà qui est assez rare pour être consigné.
Monsieur Bhodyoul compte parmi ses ancêtres des bouddhistes de la confrérie des Lohan aussi bien que des lamas Karmapa à bonnets rouges et des Gelugpa du lamaïsme officiel (bonnets jaunes). Il n'est donc pas sectaire. Fin lettré et esprit libre, il connaît l'histoire et les chinoiseries de la politique asiatique. Mais le fait le plus précieux est qu'il a des connaissances très précises sur la magie tibétaine sans laquelle les rêves du Tibet n'ensorcelleraient pas l'Occident.
UNDERCOVER: Monsieur Bhodyoul, vous êtes un Tibétain de naissance qui a pris la nationalité d'un pays d'Europe dans lequel vous avez effectué une carrière commerciale jusqu'à l'âge de la retraite, vers les années 90. Vous avez quitté le Tibet à l'âge de 14 ans avec vos parents et votre sœur qui vit en Amérique. Je n'en dirai pas plus sur vos origines pour raisons de sécurité car il y a tout lieu de croire qu'un Tibétain trop bavard, ce n'est pas bien vu.
L'image que nous avons de vos compatriotes est celle de doctes lamas s’occupant du salut des âmes et, plus prosaïquement, de questions immobilières. Quant aux tibétains laïcs, on nous les présente comme un peuple débonnaire, toujours joyeux et heureux de son sort malgré la cruelle répression de la Chine.
Autrefois, notre intelligentsia ne tolérait pas de critique sur Staline pour ne pas « désespérer Billancourt ». Aujourd'hui, les intellectuels athées ne tarissent plus d'éloges sur le Tibet et son chef théocratique, intronisé ambassadeur de la paix et de la sagesse. Or, à vous croire, tout cela est du cinéma. Pire, c'est un danger, une véritable calamité !
Vous vous présentez donc comme un apostat du lamaïsme, un esprit libre qui ne se reconnaît pas dans le portrait de l'exilé martyr qu'on a dressé de vos compatriotes de la diaspora. Selon vous, cet exil a permis de finaliser une stratégie de conquête commencée il y a des siècles. Soyons clairs, nous parlons d'une conquête occulte que vous dénoncez comme étant organisée par une fraternité qui agit à l'arrière-plan du lamaïsme.
Vous nous avez contacté sans décliner votre nationalité, hormis votre accent indéfinissable qui pourrait aussi bien être allemand, anglais ou même hollandais. Votre français est excellent mais vous n'êtes pas de nationalité française.
Vous pourriez être un agent de la Chine ou d'un clan opposé aux Gelugpa qui sont à la tête du gouvernement tibétain en exil. Il y a de bonnes raisons pour prendre vos révélations au sérieux car elles recoupent d'autres sources fiables. Ces révélations font exploser la politique des sociétés secrètes et des religions officielles qui leur servent de paravent. Ici se révèlent les plus hauts intérêts des loges qui tirent les ficelles dans l'ombre. Avez-vous une précision à apporter à ces présentations sommaires ?
M. BHODYOUL: Un Asiatique exilé est rarement bavard lorsqu'il s'agit de faits où les Chinois et le gouvernement tibétain en exil sont impliqués. S'il n'y avait que moi, ce ne serait pas grave, mais il ne faut pas qu'on identifie ma famille. En donnant le moindre détail sur mes origines, le statut de ma famille et ce que faisait mon père ou mes ancêtres, je crois que les agents chinois et tibétains, pour ne pas citer la CIA sauraient me retrouver. Je dirai simplement que je suis originaire de la région de Gyantsé, à environ cent kilomètres au nord du Bhoutan. Sans trop me risquer, j'ajouterai que mes ancêtres sont venus du Cachemire, comme nombre de bouddhistes indiens qui fuyaient la répression des brahmanes. Ils étaient reliés à la tradition des anciens Arhat. La plupart se sont fondus vers la Chine et le Gobi. Il ne demeure que les légendes sur les Lohan – « ceux qui chantent de douce manière » – auxquels les lamaïstes ont emprunté leur science des mantras mais pour un usage inverse, satanique, comme vous dites en Occident. Donc, je suis bouddhiste mais de la lignée de la « Bonne Loi » des Arhat de Pou-To.
Un Arhat est un « délivré ». C'est ainsi qu'on nommait les disciples de Bouddha qui étaient entrés dans la Libération. En Chinois Arhat se dit Lohan d'où ce nom donné aux confréries ayant fui l'Inde vers le Nord. Cet exode commença vers le premier siècle avant J.-C., et continua jusqu'au 14e siècle. Puis, le lamaïsme, qu'on appelle encore bouddhisme tibétain, a tout submergé en nous imposant un état théocratique dont la théologie n'est plus bouddhique dans le sens originel. Nous verrons pourquoi.
Parfaitement détachés, les Lohan avaient fait le vœu de ne pas résister à leurs ennemis. Ils étaient supposés détenir la véritable science spirituelle qui libère l'âme de l'attachement au monde de l'illusion, alors que la science du lamaïsme a un tout autre usage. Elle renforce les illusions.
UNDERCOVER: Les agents secrets tibétains ?
M. BHODYOUL: Qu'ils soient tibétains, russes, anglais ou américains, peu importe. La politique de la Chine intéresse beaucoup de monde, et ce ne sont pas leurs vieux amis anglais qui me démentiront. Les Anglais ne sont jamais loin.
Les médias présentent mes compatriotes comme de purs esprits occupés de métaphysique mais, bien au contraire, c'est un peuple de fiers guerriers dont l'histoire n'est faite que de luttes entre clans opposés. Les princes des clans et les abbés des monastères se sont toujours fait la guerre pour la suprématie, l'un appelant la Chine à l'aide et l'autre utilisant les Mongols, si bien que nos voisins ont toujours pensé qu'ils étaient chez eux au Tibet. Après tout, lorsque la Chine communiste est arrivée en 1949, elle se sentait dans son bon droit puisque qu'officiellement le Tibet est un protectorat chinois. Les Anglais aussi nous ont envahis en 1904, et la Russie aurait très bien pu se sentir chez elle car certaines républiques socialistes étaient de confession lamaïste comme la Mongolie qui redresse la tête. Le titre de Dalaï-Lama existe seulement depuis la fin du 16e siècle. C’est un descendant de Gengis Khan, Altan Khan, qui le décerna à Gyamtso dont le nom signifie « océan », ce qui se dit dalaï en langue mongole. C'est donc un titre honorifique mongol si vous voyez ce que je veux dire...
UNDERCOVER: Le premier Dalaï-Lama fut nommé par les Mongols pour bons et loyaux services ?
M. BHODYOUL: Oui, car en ce temps-là les Gelugpas – les bonnets jaunes – étaient divisés en deux clans ennemis, également en guerre avec les Karmapa et d'autres factions. C'est vraiment trop compliqué à expliquer car, en Asie, les alliances se font, se défont et se ressoudent continuellement. Sönam Gyamtso, qui était Abbé du monastère de Depung et chef des Gelugpa, appela les Mongols à la rescousse. Le titre de Dalaï-Lama est, par conséquent, une récompense de guerre. C'est comme si Napoléon avait été couronné par les Anglais ! Je ne sais pas si vous saisissez ? C'est difficile à suivre. Sachez quand même qu'avant son exil, l'actuel Dalaï-Lama rencontrait le fin diplomate Chou-En-Laï lors de visites à New-Delhi.
De son côté, le Panchen-Lama, le chef du pouvoir réel du Tibet, s'est toujours montré favorable aux Chinois. Il y a des liens occultes indestructibles.
UNDERCOVER : On comprend mieux pourquoi les Chinois prétendent que le Tibet a toujours été une province de leur empire. La révolution communiste a seulement créé un fossé idéologique. Il y aurait un intérêt commun au-delà des régimes et des croyances religieuses.
Pour preuve, on est surpris de voir combien les Chinois communistes et athées tiennent à leur incarnation de l'enfant Panchen-Lama ! Ils prétendent détenir les preuves occultes de l'incarnation légitime d'un tulku-fantôme, voilà qui est étrange pour des athées endurcis...
M. BHODYOUL: La division idéologique n'est que de façade, bien entendu. Lorsqu'ils sont entrés au Tibet, en 1949, les Chinois respectaient la religion jusqu'au moment de la révolte des guerriers Khampa qui s'étaient autrefois opposés à la Chine. Était-ce une provocation des Chinois ou un prétexte pour déclencher l'exil du Dalaï-Lama ? J'ai mon idée à ce sujet. Le Dalaï-Lama quitta le pays accompagné de sa suite d'une centaine de personnes. C'est un point inexplicable car on ne sait pas comment un groupe aussi important a pu échapper à la vigilance de l'armée chinoise qui gardait étroitement le Potala ainsi que les extérieurs de Lhassa et qui veillait sur la frontière de l'Inde. À cette époque, il n'était pas difficile de boucler hermétiquement la modeste ville de Lhassa, et les routes vers l'Inde étaient bien gardées. Un souverain qui prend la fuite incognito avec sa suite, ses serviteurs et ses bagages à travers des centaines de kilomètres de montagnes, en échappant aux instruments, aux avions et aux indicateurs d'une armée moderne, cela ne s'est jamais vu.
UNDERCOVER: Cela devient très intéressant. Voulez-vous dire que le Dalaï-Lama se serait enfui avec la complicité des Chinois dans un but politique précis ?
M. BHODYOUL: Ce n'est pas à un vieil Asiatique qu'on fera croire qu'un convoi hautement repérable conduit par un chef de gouvernement sous haute surveillance s'est évanoui de nuit dans l'Himalaya pour reparaître mystérieusement dans un palace de New-Delhi, sachant que l'Inde n'avait aucune raison d'irriter la Chine rouge. Et, pendant ce temps, le Panchen-Lama – qui est le véritable chef du Tibet – serait resté tranquillement au Tibet. Pourquoi n'a t-il fui, lui que les Tibétains reconnaissent comme leur chef spirituel ?
Cela signifie qu'il n'y a pas de nation tibétaine en exil puisque l'autorité réelle est restée sur place aux commandes du pays, lequel est toujours un protectorat de la Chine, selon un accord reconnu par les grandes nations.

UNDERCOVER: C'est un point de vue auquel on ne nous a pas habitués. Parlons du mystérieux Panchen-Lama, le « Pape noir » du lamaïsme. Il est pratiquement inconnu, et le Dalaï-Lama dont raffolent les médias a l'air d'un joli papillon qui voltige de ci de là en lançant des œillades et de charmants : « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! »
Selon vous, il usurpe puisqu'il n'a jamais représenté le pouvoir réel du Tibet ? On voit que les Américains lui font endosser le rôle d'ambassadeur de la paix pour servir la propagande du nouvel ordre mondial dont il est le chantre.
M. BHODYOUL: Ce ne sont pas seulement les Américains qui le manipulent mais ses maîtres secrets de Shigatsé. Nous y reviendrons au sujet de la « grande Loge orientale ».
Le titre de Panchen-Lama date du début du siècle. Il fut accordé à l'Abbé de Tashilhunpo qui devint la véritable autorité spirituelle du Tibet.
Le Dalaï-Lama et le Panchen-Lama sont reconnus comme deux « incarnations » respectivement d'Avalokitesvara et d'Amitabha, qui sont, pour simplifier, deux hypostases du panthéon tibétain.
Ces deux « esprits » se réincarnent continuellement et vous connaissez les moyens déployés pour les reconnaître lorsqu'ils sont enfants. L'on a retrouvé le bol de l'un et les bottes de l'autre. Le visage du cadavre de l'un s'est tourné en direction du village où il allait renaître, etc... Tout cela paraît charmant aux Occidentaux qui s'émerveillent devant ces faits miraculeux. Ce système de réincarnation en vase clos qu'on appelle « tulku », permet de concentrer un énorme pouvoir et d'entretenir le système sans interruption. Je vais vous en donner la raison.
UNDERCOVER: En effet, si les mêmes esprits retrouvent leur fonction antérieure, ils doivent disposer d'une maîtrise inouïe. Ils sont comme des rois qui règneraient au-dessus du temps. Pourtant on ne voit aucune évolution, aucun but autre que magique puisque cette société était figée autour de ses rites immuables depuis le Moyen-Âge.
M. BHODYOUL: Elle n'est figée que de l'extérieur car, en réalité, il y a une intense activité au cœur du système lamaïste. Il y a de puissants penseurs derrière cette façade, et ces cerveaux ont lancé des idées que les Occidentaux croient avoir inventées. Entrons dans le vif du sujet.
Le bouddhisme tibétain dispose d'une panoplie de pratiques magico-rituelles vraiment exceptionnelle, puisqu'il a recueilli les systèmes magiques des yogis tantriques, les connaissances métaphysiques et médicales des hindous autant que les techniques chamaniques archaïques. Tout cela est enveloppé dans une théologie bouddhique qui est une synthèse entre les courants indiens et chinois.
UNDERCOVER: Il y a eu la réforme de Tsongkhapa dont est issue la tradition Gelugpa représentée par le Dalaï-Lama ?
M. BHODYOUL: Cette grande réforme du début du 15e siècle a fait du lamaïsme une religion organisée et centralisée à la manière du Vatican. Le Dalaï-Lama en est devenu le chef administratif alors que le Panchen-Lama est le chef spirituel à l'arrière-plan. J'essaie de simplifier, et cela paraîtra réducteur aux orientalistes, mais qu'importe car ce que je vais raconter leur est complètement inconnu.
UNDERCOVER: On est frappé de certaines similitudes entre le catholicisme romain et le bouddhisme tibétain tant au plan de l'organisation que du décorum rituel, des pratiques dévotionnelles, de la vie monastique, et de la hiérarchie sacerdotale avec ses vœux. On dit que ces deux formes de religions sont des résurgences atlantes. Y a-t-il eu influence de Rome sur le Tibet ou vice-versa ?
M. BHODYOUL: Objectivement, on sait que des missionnaires catholiques sont entrés au Tibet dès le 14e siècle et qu'ils y ont été bien accueillis. Ce qui n'est pas anodin.
UNDERCOVER: Au 14e siècle ! On nous a raconté que le Tibet avait toujours été fermé aux étrangers et spécialement aux missionnaires ! Il est incroyable que des religieux catholiques aient déjà été présents au Tibet à l'époque où débuta la lignée des Dalaï-Lamas...
M. BHODYOUL: Tout ce qui touche au Tibet est désinformé. Les premiers missionnaires du 14e siècle étaient des Franciscains, bien avant que ne débarquent les Jésuites qui n'existaient pas à cette époque-là, évidemment. En ce qui concerne les Capucins, il y a des légendes au sujet de leur goût pour certaines formes de dévotion déviées en sexualité dépravée.
Les Jésuites sont, quant à eux, des occultistes qui ont toujours essayé de récupérer les pratiques magiques des cultures qu'ils ont infiltrées. On ne connaît pas les détails de la présence jésuite au Tibet mais il est prouvé historiquement que le Père Antonio d'Andrade y fut reçu en 1624 et qu'il y passa plusieurs années, suivi d'autres Jésuites portugais – les pères Cabral et Cacella – qui séjourneront à Shigatsé aux alentours de 1620-1630, sous la protection des princes du Tang. Des Jésuites, protégés par les princes tibétains ont habité à Shigatsé, le sanctuaire de la « Grande Loge blanche » ! Nous en avons la preuve.
UNDERCOVER: Voilà qui commence à devenir excitant ! Si les Jésuites étaient au Tibet au tout début de la lignée du Panchen-Lama qu'on considère comme le « Pape secret des Tibétains », on peut supposer qu'ils ont peut-être influé sur une organisation dont le chef ressemble étrangement au général de la Compagnie de Jésus. N'oubliez pas l'aspect martial dans tout cela. Ce sont des ordres religieux structurés comme une armée prête au combat.
On dit que le Pape du Vatican est le « pape blanc » par opposition au « pape noir », le général des Jésuites. De plus, ces Jésuites s'installèrent à Shigatsé, la ville ésotérique par excellence, la résidence des chefs occultes du Tibet que la Théosophie a appelé les « maîtres de sagesse de la Grande Loge blanche ». Y a-t-il une relation entre les Jésuites et la fameuse « Grande Loge » du Tibet ?
M. BHODYOUL: Vous avez mis dans le mille ! Je vous félicite car peu de chercheurs sont aussi perspicaces. Je ne connais qu'un ou deux ésotéristes qui ont connaissance de ces faits et qui savent les interpréter comme il se doit. Mes recherches m'ont montré que la fondatrice de la Théosophie, Helena Blavatsky, qui révéla au monde l'existence de la confrérie secrète du Tibet n'a pas eu connaissance de la présence des Jésuites à une date aussi ancienne, c'est-à-dire quasiment lors de la naissance du lamaïsme moderne. Elle semble ignorer, à moins qu'elle ne le dissimule, que des missionnaires italiens ont été acceptés dans des lamaseries comme étudiants en théologie, et qu'ils rédigèrent des dictionnaires et des traités en tibétain. Les universitaires occidentaux rédigent leurs thèses à partir d'authentiques traités de bouddhisme tibétain écrits par des Jésuites ! Vous me suivez ?
En tout cas, Blavatsky, malgré ses œillères de médium, a parfois des éclairs de lucidité. Mais elle est si fanatiquement attachée à la « Loge orientale » qu'elle fait l'impasse sur la présence de Jésuites à Shigatsé, la ville sacrée de ses initiateurs occultes. Ce serait pour elle un blasphème que d'oser soulever le voile qu'elle prétend avoir déchiré dans son livre Isis dévoilée. Ainsi, Isis n'est pas dévoilée.
Je vais vous dire un secret sur le sort de la dame russe qui a fondé la Théosophie : elle fut emprisonnée magiquement par une fraternité maçonnique occidentale car elle refusait de se plier à leurs conditions. Elle n'en fut délivrée que par la Loge orientale qui la plaça de ce fait sous une camisole occulte encore plus étouffante. C'est le sort des médiums de haut niveau. Dans ces conditions, lorsqu'elle dénonça sévèrement l'emprise des Jésuites d'Occident, Helena Blavatsky oublia qu'elle était devenue la dupe des lamas-jésuites de l'Orient. Nul ne peut échapper au venin, après avoir osé s'approcher du nid de serpents de la « Loge planétaire ». Quoi qu'il en soit, je suis reconnaissant à Blavatsky de nous avoir mis sur la piste de la Loge orientale car mes compatriotes tibétains sont loin d'imaginer ce qui se cache derrière leurs révérés lamas. Le fait historique que des Jésuites ont infiltré le lamaïsme est d'une immense importance pour comprendre la politique du nouvel ordre mondial et les accords secrets entre la Grande Loge orientale, le Vatican et des sociétés secrètes occidentales.
UNDERCOVER: C'est extrêmement troublant lorsqu'on sait que l'ordre interne des Jésuites poursuit un plan de conquête mondiale sous couvert de religion. On peut en déduire que leur plan passe par le Tibet et que, d'une façon qui nous échappe, les Tibétains collaborent avec les Jésuites en vue d'établir une théocratie mondiale qui prendrait la forme d'une religion œcuménique.
M. BHODYOUL: Laissez-moi vous en dire un peu plus. Un Jésuite des années 1630 qui devenait étudiant dans une lamaserie était de fait reconnu et initié en tant que moine lamaïste, ce qui signifie que certains lamas tibétains sont, en réalité, des pères jésuites. Vous en trouverez facilement les preuves dans des livres d'histoire qui n'ont rien d'ésotérique comme, par exemple, La Civilisation Tibétaine, du professeur R. A. Stein, directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études (chez Dunod, Paris 1962).
En fait, les choses ne sont pas dites clairement sur ce sujet car il est conseillé aux universitaires de ne pas égratigner les contes de fée du Tibet. Certains ne parlent de la présence jésuite au Tibet qu'à partir du 18e siècle, c'est-à-dire quatre siècles après les premières visites des missionnaires occidentaux ! Mais l'on sait que des princes de la maison d'Orléans se sont également rendus au Tibet.
Connaissant le goût des Jésuites pour la magie et la politique, on peut imaginer que leur présence à Shigatsé est le signe d'un accord spécial entre la Compagnie de Jésus et la « Grande Loge orientale ». N'allons pas trop vite nous imaginer que l'un puisse bluffer l'autre, mais il s'avère qu'à un moment historique, le pouvoir réel derrière le Vatican a négocié avec le pouvoir occulte oriental. Ce sont des faits.
UNDERCOVER: Est-ce que le Panchen-Lama, que vous considérez comme le pape occulte du Tibet, serait directement connecté avec la mythique « Grande Loge blanche » ?
M. BHODYOUL: Pour des raisons politiques et occultes, les Panchen-Lamas ont toujours été proches des Chinois, et c'est pourquoi le dernier en date – mort à la fin des années 80 – était resté au Tibet puis résida ensuite en Chine. On peut y voir le signe que le véritable pouvoir spirituel est demeuré dans la maison et que les Chinois l'ont toujours protégé si ce n'est accaparé. Beaucoup d'aspects sont totalement secrets, et les Tibétains eux-mêmes sont dans le même état d'ignorance au sujet de leur hiérarchie que le sont les catholiques au regard de la politique secrète du Vatican.
Les faits sont les suivants : le Panchen-Lama de Tashilunpo réside près de Shigatsé où les Théosophes ont localisé le centre des initiés de la Loge orientale. De plus, l'un de ces initiés, connu sous le nom de Djwal Khool dans les milieux de la Théosophie et du nouvel-âge, a avoué qu'il assumait des fonctions dans une lamaserie. Est-ce lui, le Panchen-Lama, le chef spirituel du lamaïsme ? Ou bien le Panchen-Lama qu'on nomme également Tashi-Lama, du nom de sa résidence Tashilunpo, n'est-il qu'une couverture ?
Le bouddhisme tibétain officiel semble ignorer l'existence de ses chefs occultes, ce qui est la règle dans le système clos d'une société secrète dont le cercle le plus extérieur ignore l'existence du cercle intérieur, et nul ne peut, par conséquent, s'approcher du noyau. Ainsi, on distingue au moins trois cercles sur le plan physique, le plus large est le lamaïsme officiel qui s'étale à la devanture des librairies et dans les médias comme la référence en matière de spiritualité. Il dispose d'une infrastructure de milliers de centres culturels et de monastères à la surface du globe, et son chef, le Dalaï-Lama, est la vedette des médias. Ce sont les Loges qui l'ont mis sur ce piédestal, sinon il ne serait pas plus célèbre que n'importe quel chef d'une minorité religieuse, fut-elle kurde ou amérindienne. C'est la façade commerciale, le sourire et les belles paroles. Il est d'une habileté extraordinaire, et ses chefs sont fiers de lui.
En second, vient le pouvoir réel qui est représenté par le Panchen-Lama. La diplomatie chinoise nous dissimule son rôle jusqu'à prétendre détenir l'enfant destiné à la succession au titre de Panchen-Lama.
Enfin, il y a le noyau occulte de la loge de Shigatsé, ville proche de Tashilunpo qui est la résidence du Panchen-Lama dont on peut penser qu'il fait la jonction entre le noyau interne de la Loge orientale et le lamaïsme de façade.
Ce noyau idéologique est devenu mythique à travers les écrits théosophiques qui en parlent comme d'une confrérie d'êtres immortels dirigeant l'évolution humaine. Certes, ils disposent de pouvoirs exceptionnels, dont celui de se réincarner dans le corps de leur choix, mais cela n'en fait pas des libérés pour autant. Bien au contraire. Ce sont plutôt des entités retardataires absolument rivées au plan terrestre et qui servent eux-mêmes des intérêts politiques supérieurs. Ils usurpent les titres et les noms des grands saints et des initiés de l'Antiquité. Tout cela est du cinéma sur l'écran de Mara, le grand illusionniste.
SOURCE
Pour voir les suites: http://www.crom.be/documents/les-contes-de-fee-du-tibet-2
http://www.crom.be/documents/les-contes-de-fee-du-tibet-3


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